LOVE… Quand vous voyez le titre de cette pièce de théâtre, vous vous dites peut-être (comme moi) qu’il va y avoir des tas de gens à poil sur scène en train de se masturber… intellectuellement. Et bien non, la pièce d’Alexander Zeldin est loin de cet univers égocentrique. Il aborde une forme beaucoup plus profonde et universelle de l’amour, l’option 2 de la définition de Larousse (mouvement de dévotion, de dévouement qui porte vers une divinité, un idéal, une autre personne, etc. Ex : l’amour de Dieu, de la vérité, du prochain). En l’occurrence, il en faut beaucoup aux protagonistes pour échapper au sentiment d’humiliation et d’exclusion que provoque la précarité. Il leur faut aussi beaucoup de foi en l’humanité pour ne pas sombrer dans le défaitisme. Dans un espace réaliste, gai comme une cantine d’abattoir, mais sans jamais verser dans le misérabilisme et avec une réelle douceur, ce spectacle saisissant, musclé par des dialogues inspirés du réel, met à plat le système sociétal qui broie les individus et projette ces êtres déclassés dans une spirale infernale où la vie ne tient plus qu’à un fil. Celui de l’amour.
Cela se passe au Royaume-Uni – dont on a déjà une idée du fonctionnement des services sociaux grâce au cinéma de Ken Loach, de Shane Meadows et de Mike Leigh. Huit personnes, naufragées de l’aide sociale en attente de relogement, doivent cohabiter. Quel est leur quotidien ? Comment parvenir à survivre quand la misère est plus corrosive qu’un poison ?
Le pari que fait Alexander Zeldin est donc celui de l’amour. Il a mis son texte en scène avec un noyau d’acteurs et d’actrices (tous formidables !) rencontré·es dans une école de théâtre anglaise où il a enseigné entre 2011 et 2014. Auteur de plusieurs pièces remarquées par la critique, il a été nommé en 2015 artiste associé au Birmingham Repertory Theatre. En 2017, il entre en résidence au National Theatre of Great Britain. C’est là qu’il crée Love en 2016, un spectacle présenté à l’Odéon à Paris en 2018, dans le cadre du Festival d’Automne.
Ne le ratez pas ! Il passe à Rennes jusqu’au samedi 18 septembre au TNB. Ne dites pas « qui va garder les enfants ? » Vendredi le TNB accueille les pitchounes de 3 à 10 ans. Que d’amour !
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