Allez hop, on retourne à Dinan au début du XXe siècle quand mon grand-père Marcel avait de douces pensées pour Henriette, la jeune rennaise qu’il veut attirer à Dinan avec ses parents pour leur faire découvrir sa « plus belle ville du monde ».
(Dans un prochain billet, je vous présenterai des aspects plus contemporains, avec mes bonnes adresses).
« Marcel s’imagine encore guider Henriette et ses parents dans « l’imposante et fantastique cité placée au milieu des nuages et tenue là par la main de quelque fée », selon la formule de Benjamin Jollivet dans « Les Côtes-du-Nord, histoire et géographie de toutes les villes et communes du département ». Il les emmènera dans la rue de l’Horloge, sorte de catalogue à ciel ouvert de l’architecture du XVe siècle. Elle est dominée par la tour du même nom, symbole du rôle prédominant de la bourgeoisie de l’époque dont le conseil se réunissait au deuxième étage. Le beffroi avait une double vocation : horloge (avec un mécanisme forgé à Nantes en 1498) et tour de guet pour alerter en cas d’incendie. De là-haut, la vue sur les toits et la campagne environnante est fa-bu-leuse. C’est peut-être l’endroit idéal pour un premier baiser… Avec un peu de chance, les parents n’auront pas envie de gravir 160 marches ! Et même, pendant ce temps, ils pourraient aller visiter l’église Saint-Malo. Marcel leur vantera la beauté du chevet dont il admirait les fenêtres ogivales et ses arcs-boutants depuis l’ancien couvent des cordeliers du XIII e siècle où il a fait ses humanités.
Bien sûr, il faudra passer au Château de la Duchesse Anne. On appelle ainsi l’assemblage de la porte du Guichet, de la tour de Coëtquen et du donjon. Plus que ses mâchicoulis trilobés, les visiteurs s’émerveillent des latrines du XIVe siècle ! Les Dinannais ont beaucoup apprécié le transfert du musée en ces lieux en 1908 : les collections sont une bonne introduction à la compréhension de l’histoire locale. « Il y manque tout de même des éléments sur la mémoire récente militaire » estime Marcel qui a été incorporé dans le 24ème régiment de Dragons basé à la caserne Duguesclin. Les hussards eux, occupent la caserne Beaumanoir (autre héros de l’histoire, compagnon de Du Guesclin). Quel spectacle quand tous les cavaliers défilent dans la ville ! Les chevaux sont un peu moins enthousiastes quand il s’agit de monter dans les voitures de chemin de fer. Mais il faut bien les entrainer. Les rumeurs de guerre s’amplifient. En tous cas, Marcel n’a pas peur. Sur son cheval blanc, avec sa lance et son casque à panache, les Boches n’ont qu’à bien se tenir ! »
Texte extrait de Côtes d’Armor d’antan, HC éditions https://www.hc-editions.com/
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