Jacques Perrin est parti au « paradiso » le 21 avril. L’occasion pour Roselyne Veissid, journaliste VIP-Vieille pie de raconter cette chouette histoire. Car elle l’a rencontré, la veinarde !
MCB
Jacques et Marcel…
Sur Jacques Perrin, à peu près tout a été dit, et je n’ajouterai ma voix à ce concert (justifié) de louanges que pour vous faire une confidence : j’ai eu le plaisir de le rencontrer une fois. Et même… nous nous sommes promenés ensemble dans un grand parc ! Le conte de fée s’arrête là ! Le Prince Charmant ne m’a pas pris la main, il ne m’a pas proposé d’aller danser sous les lampions à Rochefort. Il m’a juste adressé son sourire plein de gentillesse, et a repris une conversation assez technique avec le maître des lieux.
Nous étions en 1999. Le bel acteur, devenu producteur, était en déplacement dans les Côtes-d’Armor pour préparer son documentaire sur les oiseaux migrateurs. C’était un pari absolument fou : pour réussir les images extraordinaires du film, en partie prises par un opérateur en ULM, il lui fallait disposer d’oiseaux « imprégnés » de la présence humaine dès la naissance… et même avant ! Ces individus moins farouches que leurs congénères, placés en milieu naturel après une « imprégnation » (mais non une domestication) de quelques semaines dans la propriété de Perrin en Normandie, allaient se mêler aux grands vols de migrateurs et permettre aux caméras de les suivre à travers le monde. Jacques Perrin avait trouvé un partenaire dévoué en Marcel Arnoux, fondateur et directeur du zoo de Trégomeur (près de Saint-Brieuc), qui lui fournissait des œufs d’oies sauvages et de bernaches. Les deux hommes étaient même devenus amis, et l’on avait convié la journaliste à donner un coup de projecteur sur le faramineux projet.
C’est d’ailleurs le hasard…et la curiosité d’un journaliste du Télégramme qui avaient conduit cet ancien militaire à se lancer presque trente ans plus tôt dans la fondation d’un parc zoologique. Passionné d’animaux et de vie sauvage, jeune retraité de l’armée de l’air installé dans un ancien moulin à Trégomeur, il élevait alors à titre privé un couple de petits singes qui donna naissance à d’adorables bébés. Une photo parut dans le journal et les curieux affluèrent. Ainsi naquit l’idée d’un parc animalier, qui peu à peu s’étendit dans ce nid de verdure, bientôt peuplé de lémuriens, de zèbres et même de lions dont les rugissements semaient l’effroi dans le voisinage. Mais, avec quinze hectares et 300 animaux, l’entreprise était devenue harassante. Malgré la forte implication de sa femme et de ses enfants, le patriarche se débattait avec les tracasseries administratives, les difficultés techniques et financières, la gestion du personnel… Ayant renoncé à la transmission familiale, désespérant de trouver un repreneur, il fut grandement soulagé de pouvoir en 2001 céder le parc au département – qui s’était d’abord montré réticent.
A 73 ans, Marcel Arnoux put réaliser l’un de ses rêves : aller s’établir sous le soleil de Tahiti avec une partie de sa famille, et s’y livrer à son plaisir favori, la pêche à la ligne.
Le bonheur paisible fut de courte durée : quelques mois plus tard, le Breton de Lanrodec fut emporté par une vague scélérate. On n’a, je crois, retrouvé que sa canne à pêche…
L’œuvre de Marcel Arnoux lui a survécu : le zooparc de Trégomeur, embelli, offrant de vastes espaces à ses pensionnaires selon la philosophie des zoos modernes, accueille toujours les visiteurs.
Roselyne Veissid
Pour en savoir plus :
https://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?
aaaammjj=20021204&article=5363129&type=ar
https://www.zoo-tregomeur.com/
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