Antre nous…
Amis et lecteurs qui ne connaitraient pas la galerie l’Antre temps à Rennes, je suis désolée de vous apprendre que l’expo actuelle se termine dans quelques jours – le 27 juin. C’est un lieu tenu par Constance Villeroy, elle-même artiste, qui a un sacré don pour créer des liens visuels, artistiques et humains. Encore une fois cette expo le prouve.
Jeux de formes met en lumière une série d’oeuvres intitulées Kolinus, de l’artiste Michel Colin, alias Han Psi (1933-2015) et des sculptures céramiques de Quentin Marais, créateur originaire de Vendée et installé à Guerlesquin (29).
Han Psi (son nom est l’anagramme de Psihan, lieu-dit de son enfance en Pays de Brocéliande) a laissé une oeuvre riche et protéiforme, utilisant aussi bien l’encre que la peinture, le plus souvent en noir et blanc. Une grande exposition lui fut consacrée à la Maison du Livre de Bécherel fin 2021, mais il avait décidé de son vivant de ne plus exposer, depuis les années 80… (j’en profite pour vous donner un scoop : le musée des beaux-arts vient d’en acquérir trois oeuvres)
Dans la série signée Kolinus, c’est la couleur qui domine, en savants dégradés, sur fonds noirs. Composées à partir de chutes de papier assemblées de telle sorte qu’elles font surgir une forme épurée et suggestive, isolée au milieu d’un fond peint en noir à la gouache. Construite comme un jeu d’enfant, l’image est rehaussée au crayon de couleurs et devient figurative. On peut y voir des oiseaux, une fleur, une jarre… Poésie, douceur et humour se dégagent de ces tableaux.
Jeux de formes également pour Quentin Marais par la construction, l’assemblage, le mélange de formes classiques et de formes rappelant certains objets usuels. Quentin, comme Han Psi, s’amuse, mais dans les deux cas, la maitrise technique est grande.
JEUX DE FORMES
Jusqu’au 27 Juin
L’Antre temps
45 rue de la Parcheminerie
A la même adresse, mais sur la rue (angle Parcheminerie et Lanjuinais), je vous encourage vivement à rendre visite à la galerie d’objets singuliers et de céramiques Tami. Plein de merveilles !
https://galerietami.wordpress.com
En savoir plus
https://barbouille.ultra-book.com/actualites
Et pour en savoir plus sur Constance, voici un article que j’ai fait sur elle dans Bretagne Magazine… some years ago!
Les petits trésors de Constance Villeroy
Les révélations du fer et de la photo
Artiste inclassable autant que prolifique, Constance Villeroy trace son chemin d’une main de fer dans un gant de photographe.
C’était après les Beatles, mais la ville continuait à être « swinging« . Pas étonnant qu’après des études dans une école de photo à Londres, la production de l’artiste soit polymorphe. Qu’il s’agisse de tableaux, de livres ou de bijoux, le dénominateur commun reste le temps, décliné au premier degré avec ses « Heuriginales ». Premier mouvement: Constance prend en photo des cadrans d’horloges ou de montres anciennes. Dans un deuxième temps, elle contrecolle les « portraits » sur des plaques de métal, puis y ajoute le mécanisme qui rendra fonctionnelles ces pièces uniques. Avantage: ce procédé très souple peut s’exploiter à tout format demandé.
Tempus fugit, toujours, et Constance en fait son allié pour la réalisation de tableaux en métal: à lui l’oxydation; à elle l’intervention qui fige le processus au jour J où les formes esquissées lui conviennent – arborescence ou paysage brumeux comme à l’aube sur la Tamise. Pour ses bijoux, elle appose une bille de verre sur une mini plaque de fer: le verre fait office de loupe sur les « révélations » du fer – encore un truc de photographe!
Il lui arrive aussi de fixer son objectif sur des objets du quotidien: mis en lumière sur fond blanc, ils se transforment en « Petits trésors restés dehors » avec la complicité de la poésie de Gérard Prémel. Cette (jolie) expérience éditoriale s’est renouvelée avec « La consultation du matin », autre ouvrage à tirage limité, dont les vedettes sont des réveils auxquels Constance prête des expressions quasi anthropomorphes. What time is it? Time to poetry! répond en douceur le club des poètes disparus.
Son lieu
Un grand porche mène à l’atelier de Constance Villeroy, un volume au plafond haut soutenu par des poteaux de fonte. Un peu grand pour elle seule? Çà tombe bien, elle aime inviter d’autres artistes. On y a vu les œuvres de Valie Leboeuf, Ronan Bagot, Anne Liese N’guyen, celles de Hélène Vesvard, Sébastien Guandalini, Andrée Prigent, Maëlle de Coux.
45 rue de la Parcheminerie, Rennes. 06 12 54 20 48
0 commentaire