Travelling, le festival de cinéma rennais fait cette année un focus sur le Liban (pourquoi n’est-ce pas mentionné sur leur visuel ? Bizarre…). Une occasion formidable de mieux comprendre ce pays à travers des films puissants, sur la vie là-bas ou en exil. Et aussi de découvrir la cuisine libanaise, une des meilleures qui soient. Si vous n’avez pas envie de vous taper l’attente à la cantine de Étage, je vous ai sélectionné quelques (bonnes) adresses pour un voyage gustatif aux échelles du Levant.
L’Étage
À voir
A l’instar du Caire ou de Tanger, Beyrouth a fait fantasmer les amateurs d’orientalisme. Aux temps d’Astérix, Byblos, Sidon et Tyr sont des cités plus importantes que Béryte mais elle gagne en puissance quand les Romains y fondent une école de droit. Ravagée par un séisme en 552, elle traverse les affres des croisades et entre sous le giron mamelouk en 1291. Dans les années 1830, elle sert de base à l’armée égyptienne pendant la guerre égypto-ottomane et est détruite par un bombardement de la Marine anglaise en 1840. Elle renait de ses cendres notamment avec l‘afflux de réfugiés (déjà !) en raison des conflits entre druzes et maronites. La route pour Damas en 1863 puis un chemin de fer vers la cité des omeyyades et enfin la modernisation du port contribuent à son rayonnement, incarné aussi par la création d’un Collège protestant syrien, future université américaine de Beyrouth – où Lawrence « d’Arabie » apprit l’arabe (vous imaginez son nom autrement ?). Bombardée par les Italiens en 1911, elle est placée sous mandat français après la Première guerre mondiale. Quand le Liban prend son indépendance en 1943, elle en devient la capitale.
Flouze du pétrole, casinos, petites pépées, touristes à gogo, ça baignait ! Surtout dans la piscine de l’hôtel Phoenicia, dessiné par l’architecte américain Edward Durell Stone (avec Joseph Salerno et les « locaux » Ferdinand Dagher et Rodolphe Elias). Les plans d’urbanisme de Michel Ecochard n’y feront rien, la planification urbaine, totalement foutraque, trahit les tensions entre communautés – et peut-être la corruption ? La poudrière s’enflamme en 1975. Les quartiers autrefois actifs se transforment en champ de bataille, tout comme les hôtel. Regardez cette intéressante vidéo :
Après des milliers de morts, des milliers de familles exilées et un autre épisode de guerre civile, le pays a retrouvé la paix. Et ça reconstruit à tout va ! Pour le bonheur des architectes. Mais pas celui des populations défavorisées.
Le cinéma nous donne à voir divers aspects de l’histoire ici survolée et tant d’autres que vous n’imaginez pas ! Bernard Wallet disait qu’à Beyrouth « faire la guerre est un art de vivre ». Y faire du cinéma relève assurément du grand (7ème) art !
La preuve par la filmographie de la formidable Danielle Arbid, Wissam Charaf, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Jocelyne Saab, Ghassan Salhab, Nadim Tabet, Georges Nasser, etc… et bien sûr la grande Nadine Labaki – réalisatrice de l’extraordinaire Capharnaüm.
À manger
Al Saj
Si j’ai bonne mémoire (j’avais fait un article sur ce restaurant dans ELLE), le saj est un pain traditionnel cuit sur un four bombé qui porte le même nom (saj ou pfiou). Les trois frères qui avaient ouvert ce petit restau s’en servaient mais ils ont dû arrêter pour des raisons « de sécurité ». Leurs propositions restent savoureuses et leurs sourires rares, mais l’adresse justifie d’être courue le midi et le soir, avant ou après un film à l’Arvor.
5, rue de la Motte-Fablet, Rennes
Le Ryad
Ici, l’accueil est plus chaleureux ! Ce restaurant à deux pas de République, et doté d’une terrasse au soleil offre une cuisine méditerranéenne fraiche, pointue sur les saveurs et les couleurs. Formidables mezzés à partager en tablée avec des potes.
2 B rue Jules Simon. Tél. 06 20 22 80 20
Le Méditerranée
C’est un des plus vieux restaurants libanais de Rennes et il est installé dans une des plus vieilles maisons de la ville. Les patrons ont su d’ailleurs jouer sur ce cadre médiéval en le dopant avec des couleurs très… méditerranéennes ! Le sourire n’est pas systématique mais la cuisine reste séduisante. Elle décline plusieurs formes de couscous (de 14 à 18€), de tajines (de 16 à 18€) et de mezzés, dont un végétarien (15€)
22, rue du Chapitre, Rennes. Tél. 02 99 31 57 30
Falafel
Souriez ! C’est l’amusante injonction donnée sur le site de ce restaurant qui se vante d’être le « restaurant libanais le moins cher de France (rapport qualité/prix) ». Y’a plus qu’à vérifier !
16 rue Saint-Malo, Rennes. Tél : 02 99 79 20 47
Falafel (bis). C’est moi qui rajoute le bis car son activité porte le même nom que le restaurant de la rue St-Malo. Je vous parle de Khadijé Basquin qui a tenu le restaurant libanais rue de la Chalotais à Rennes. Maintenant, elle travaille comme traiteur et c’est toujours délicieux. Pour se faire plaisir, en petit comité ou en groupe, commandez ses spécialités libanaises : sfihas, kebbe, feuilles de vignes farcies, houmous, poulet mariné, taboulé, pain pita et bien sûr, falafel !
Tél. 06 50 57 00 82
Mezzelicious
A quelques pas du précédent, ce restaurant offre un joli cadre d’esprit contemporain avec poutres conservées et peintes en blanc. Mes copains disent que c’était « mieux aaavant », du temps de Momo. Je vous laisse tester et me dire après !
22 rue Saint-Malo, Rennes. Tél. 02 99 79 27 78
Et puisqu’on est dans la rue Saint-Malo, poursuivons vers la cité corsaire où mes informateurs signalent un remarquable traiteur libanais : Chez Arthur. « Qualité, saveurs, générosité » sont les maîtres mots du chef. 70, rue Ville-Pépin (quartier de Saint-Servan). Tél : 07 83 26 83 27
0 commentaire