Un jour où je me baladais dans la rue Saint-Louis à Rennes, mon attention s’est portée sur une fenêtre, celle d’un atelier sans porte – tout du moins pas sur la rue! Je m’approche et vois un homme oeuvrant à sa machine à coudre, comme dans les souks du Moyen-Orient. Il me sourit et me fait signe d’entrer par le porche voisin. À l’intérieur de son micro-atelier, je lui dis que je me sens un peu transplantée à Damas. L’homme me répond que précisément, il est Syrien ! S’en est suivi une conversation sur ce merveilleux pays où j’ai voyagé en 2010 – oui, l’année « avant » ! Malek Mahrat me raconte brièvement son parcours et nous sympathisons. Il évoque la tristesse provoquée par la tragique situation des Syriens, notamment ceux de Homs, la ville où il est né au sein d’une famille de treize enfants. Après son bac littéraire obtenu en 1978, il dut effectuer son service militaire. Cinq années où il dut subir la corruption et fermer les yeux sur les exactions commises par certains officiers du clan alaouite (la minorité au pouvoir). En 1988, il décida de partir. Direction la Lybie, le « melting-pot panafricain » où il trouva vite un travail de couturier, associé à une Lybienne entreprenante et dynamique. Une love affair l’amène en France en 1994, à Strasbourg. Puis, sa demande d’asile politique l’a poussé à Rennes. De là, il suit les événements de 2011 et toutes les horreurs conséquentes. Voulant venir en aide aux premiers réfugiés, en France et au Moyen-Orient, Malek crée l’association Emisa Homs. Son engagement lui vaut quelques inimitiés mais qu’importe, il continue son bonhomme de chemin avec sa fidèle Singer.
Récemment, j’ai appris qu’il venait de sortir un livre « Homs Syrie – Témoignage » (éditions Hedna). Comme je ne pouvais aller à sa présentation à la librairie Planète Io http://planeteio.blogspot.com/, je suis passée le voir pour en acheter un et lui porter quelques travaux de couture. Malek a tenu à m’offrir un masque. J’en ai choisi un très joli, aux motifs un peu « mosquée bleue ». Pas celui avec le drapeau de la Syrie… Heureusement ! Parce que la lecture de son livre me fait comprendre combien les mensonges et les déconvenues se sont exportés avec les hommes. Et quand je dis « homme », je désigne le genre humain, car avec les femmes, Malek a eu droit à d’autres contes que ceux des 1001 nuits !
1 commentaire
Luc Thiebaut · 5 octobre 2020 à 14 h 56 min
ce sont plus les pays que leurs noms qui sont esquintés, mais quand même, respectons la Libye, mieux que la Lybie.et lisons Malek pour mieux connaitre une des facettes de la Syrie à Rennes. a
micalement