Émile Bernard, c’est le peintre, graveur et poète du XIXe siècle associé à l’école de Pont-Aven.
Elle, c’est sa sœur, Madeleine. Née trois ans après lui à Lille en 1871, dans une famille de la petite bourgeoisie très attachée aux conventions – mais qui ne l’était pas à l’époque ? Une jeune femme au charme fou qui mourra auprès de son frère, au Caire, à 24 ans.
Qu’est ce qui a poussé Marie-Hélène Prouteau, agrégée de Lettres et autrice de neuf ouvrages à publier un livre sur cette Madeleine ? Car elle n’a pas écrit, pas peint. Elle a juste été muse. Oui mais à Pont-Aven, époque école de…, excusez du peu. Gauguin fut sous le charme, il en fit un portrait (musée de Grenoble) et Émile Bernard la peignit, allongée dans le Bois d’amour (musée d’Orsay). Ce n’est pas un modèle comme les autres. D’une vive intelligence, elle a vu naitre sous ses yeux l’aventure de l’art post-impressionniste. Madeleine a rencontré Odilon Redon, Van Gogh, grand ami de son frère qu’elle a rejoint à Saint-Briac puis à Pont-Aven, toujours chaperonnée par « Mère », femme tyrannique avec qui Madeleine coupera tous les liens. Il lui en a fallu du courage pour s’affranchir de cette tutelle, alors qu’elle vivait « tranquillement portée vers quelque chose de vif qui la pousse vers ce qui est bon, doux et beau ». Trois personnes ont infléchi ce destin tranquille : son frère Émile, son amie Charlotte et le vague fiancé Augustin de Moerder – le frère d’Isabelle Eberhardt (*) rencontrée lors de son exil à Genève. Il est à noter que dans les trois cas, la forme d’amour reste ambigüe…
Sa vie se terminera au Caire. Elle venait de rejoindre son frère qui avait peint les fresques de l’église franciscaine El Mouski et s’était marié avec une Syriaque. Mère l’apprendra presque par hasard, deux plus tard.
L’intérêt de l’ouvrage de Marie-Hélène Prouteau est d’avoir rendu visible cette « songeuse de l’invisible ». Après avoir épluché la magnifique correspondance entre le frère et la sœur, entre Émile, sa famille, Gauguin, Van Gogh, Toulouse-Lautrec et l’essentiel des personnalités artistiques de l’époque.
Pour « voir » cette invisible, je vous invite à vous rendre au musée d’Orsay à Paris, au musée de Grenoble et au musée d’Albi.
Pour « voir » Émile Bernard jeune, un très beau portrait de lui peint par Toulouse-Lautrec est à la National Gallery de Londres. Et pour (re)découvrir l’œuvre de celui qui a lancé le cloisonnisme, avant de s’orienter vers le synthétisme puis le symbolisme, en Bretagne, vous avez le choix !
– Fresques de l’église Saint-Malo à Saint-Malo de Phily (35)
– Dix tableaux au Musée des beaux-arts de Brest
– Une nature morte au musée de Nantes
– Trois tableaux au musée des beaux-arts de Quimper
– Le Centre d’art Cristel, à Saint-Malo lui a consacré une expo début 2021. Vous pouvez toujours y acquérir des lavis, des bois gravés et u huile d’Egypte. https://www.centre-cristel-editeur-art.com/artistes/art-moderne/emile-bernard/
– Sachez enfin que le musée des beaux-arts de Rennes (où vous pourrez admirer L’Arbre jaune) recèle le masque mortuaire d’Émile Bernard. Chut, c’est un secret !
Voici deux liens pour découvrir le destin hors du commun d’Isabelle Eberhardt : https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_Eberhardt
– https://www.arte.tv/fr/videos/085197-002-A/the-lost-ones-isabelle-eberhardt/
D’autres liens vers Émile Bernard
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