Impossible pour moi de laisser partir Angela Merkel vers une retraite bien méritée sans lui rendre hommage !
Avec elle, pas de dépenses futiles ! Ni en couture, ni en déco. On lui a assez reproché son prétendu « manque d’élégance ». Vous imaginez ! Une femme en vue qui ne joue pas les fashion victims comme une de nos anciennes ministres de la justice. Sa garde-robe est d’une sobriété exemplaire : la même veste, déclinée en différentes couleurs, portée avec un pantalon noir, et une robe pour les grands diners – les vipères commentatrices de mode auraient même repéré qu’elle la ressortait d’une année sur l’autre ! Côté home, c’est kif kif : en prenant ses fonctions, elle a refusé le logement de fonction pour rester à son appartement du quartier de Mitte, dans l’ancien Berlin-Est « avec tramway sous ses fenêtres et boucan du train aérien S-Bahn » (précise un article de l’Obs). Aux antipodes donc, des dépenses d’un ancien directeur de Radio France. Tout est à l’avenant côté mode de vie. La surprise d’un conseiller de l’Elysée quand, à la fin d’un sommet international, elle s’installe au bar de l’hôtel et commande une bouteille de vin pour la partager avec ses collaborateurs ! Rien ne lui fait plus plaisir qu’un plateau de fromage français ; elle avoue que l’ouverture d’un « Lafayette gourmand » à Berlin a changé sa vie ! Et là encore (incongruité pour nos petits kaisers) : elle fait la queue… et est même surprise que des gens veuillent la laisser passer devant eux !
Et le protocole ? La fille de pasteur s’adapte. Baise-main de Chirac ou embrassade de Sarko ? Elle préfère serrer dans ses bras. Et elle a eu l’occasion de les ouvrir souvent, elle qui a vu défiler quatre présidents français, sept chefs de gouvernement et une palanquée de ministres ! Je ne m’étendrai pas sur la politique. On se contentera de constater que les comptes publics de l’Allemagne sont à l’équilibre alors que la France et les autres voient leur endettement s’envoler. Saluons sa décision d’accueillir un million de réfugiés même si son « Wir schaffen das » (version teutonne de « Yes, we can ») a filé des boutons à la CDU. Là où le bât blesse, c’est clairement sur la question du climat. Très critiquée pour son absence d’action (le magazine Der Spiegel l’appelle « madame No ») elle a laissé l’Allemagne devenir un des principaux pollueurs d’Europe avec un record d’émission de CO2, au mépris des engagements climatiques nécessaires.
Mais on se souviendra longtemps de ses quasi dernières images de chancelière dans les paysages dévastés de Rhénanie-Palatinat après les inondations catastrophiques de juillet dernier. Images qui ont laissé une impression étrange à certains observateurs, comme une forme d’allégorie à sa succession, insuffisamment préparée. A l’heure où j’écris ces lignes, il est encore incertain qu’Olaf Scholtz soit le nouveau chancelier. Alors « Mutti » doit assurer l’intérim. Il ne sont pas encore venus les jours où s’adonner à son programme annoncé au public de la Johns Hopkins University de Baltimore (lors de la remise d’un doctorat honoris causa – elle en a récolté une bonne douzaine dans le monde !) qui s’enquerrait de ses projets. Après un long silence, elle a dit : « je vais prendre le temps de réfléchir car je n’ai guère eu le temps de le faire pendant seize ans. Puis je prendrai quelque chose à lire, et quand je serai fatiguée, mes yeux se fermeront. Du coup, je ferai un petit somme. Après, on verra ». Elle est libre, Angela ! D’ailleurs, Barack Obama lui a décerné en 2010, la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute décoration civile étazunienne.
Auf wieder sehen, madame. Pass auf!
Et si jamais, il vous prend l’envie de danser, je vous recommande le tube de Saian Supa Crew, très cool : https://www.youtube.com/watch?v=kDgwKhVubKA
En savoir plus :
0 commentaire