Explosif, et inquiétant assurément. La lecture de l’épatant livre de Paul Poulain a inspiré ce billet à Catherine Berranger.
« Tempéraments anxieux, s’abstenir…
On sait bien que depuis toujours les industriels sont négligents, que les élus (locaux et nationaux) et les cabinets ministériels sont peu regardants sur les réglementations quand il s’agit de laisser les profiteurs profiter.
Mais, dans son tour du monde des sites les plus dangereux, Paul Poulain démontre par le menu et de façon implacable (par ses enquêtes et ses recherches minutieusement sourcées) le cynisme et l’inhumanité qui habitent les responsables de pollutions colossales et irréparables !
Nous vivons toutes et tous sur une poudrière géante !
Les accidents, les morts au travail, les incendies, les intoxications parfois évoqués dans l’actualité et toujours euphémisés sont bien peu de chose par rapport à la baraka sur laquelle nous devons compter chaque jour pour ne pas être des victimes directes de ces criminels !
Tout comme la BD « Algues vertes » d’Inès Léraud et Pierre Van Hove, le documentaire « Bretagne, une terre sacrifiée » d’Aude Rouaux et Marie Garraux de Labarre, le documentaire « La Face cachée des énergies vertes » de Jean-Louis Perez et Guillaume Pitron,
ou le film fictionné « Rouge » de Farid Bentoumi, «Tout peut exploser» – livre remarquable et follement courageux – est à diffuser le plus largement possible pour qu’émergent enfin dans nos conversations privées et, surtout, dans les débats publics les véritables enjeux liés à notre survie sur cette planète sciemment saccagée par l’appât du gain !
S’il n’y avait qu’une seule bonne raison de s’abonner à Hors-Série (30€ par an), excellent site d’entretiens filmés, ce serait pour visionner la conversation entre Judith Bernard et Paul Poulain, au sujet de son livre «Tout peut exploser» (Fayard, 2021).
Il parle comme il écrit : limpide, explicatif. Son objectif est que le plus grand nombre possible de citoyens s’emparent des informations qu’il partage, afin de réfléchir collectivement – à une échelle locale – aux solutions pour contrer l’irresponsabilité des industriels et des politiques. Passionnant ! »
https://www.hors-serie.net/emission.php?id=474…
Pour compléter l’info, j’ajoute le texte de 4ème de couverture:
Savez-vous combien d’accidents industriels subit la France chaque année ? Plus de 68 000. Environ 187 par jour.
Vous n’en avez jamais entendu parler ? C’est normal ! La plupart du temps, ils suscitent juste un entrefilet dans la presse régionale. Seuls les accidents les plus meurtriers font la une. AZF nous a ainsi douloureusement marqués il y a vingt ans. Trente et une personnes ont perdu la vie parce qu’une centaine de tonnes de nitrate d’ammonium avait explosé. Ce même matériau a provoqué plus de 200 morts à Beyrouth en 2020.
Pourtant, des ports comme Marseille ou Saint-Malo continuent à en stocker jusqu’à 60 000 tonnes.
Vous l’ignoriez ?
Savez-vous seulement que des milliers de trains remplis de cette même matière dangereuse transitent, chaque matin, par la gare de triage de Drancy, en Seine-Saint-Denis ? À deux pas du RER B que 400 000 Franciliens empruntent quotidiennement ?
Vous tremblez ? Vous pouvez.
Et s’il n’y avait que ça. Imaginez, demain, la rupture du barrage de Vouglans dans le Jura. Plausible, vu l’état de vétusté de ces infrastructures. La vague que la rupture provoquerait pourrait atteindre la centrale nucléaire du Bugey dans l’Ain, entraînant potentiellement la libération d’un nuage radioactif à 30 kilomètres de Lyon. Cinq millions de personnes seraient menacées dans un rayon de 100 kilomètres.
Que font nos dirigeants pour nous protéger de ces risques et de tant d’autres présentés dans ce livre ? Trop peu. En dix ans, 10 000 contrôles sur des sites dangereux ont été supprimés ; les budgets des pompiers, amputés. Quant aux industriels, pour faire des économies sordides ils remplacent des salariés par des intérimaires ou des sous-traitants : 92 % de ce personnel travaillant sur des sites à risques d’incendie n’ont pas été formés à l’utilisation d’un extincteur.
Autant vous dire que…tout peut exploser.
Edité chez Fayard. En vente dans toutes les bonnes librairies, bien sûr!
1 commentaire
Catherine Berranger · 5 février 2022 à 20 h 16 min
Merci, Marie-Christine, d’avoir repris mon petit billet qui dit tout le bien que je pense de «Tout peut exploser». Le sujet semble austère, et le contenu effrayant, mais c’est tellement important de pouvoir s’informer grâce à ce travail remarquable ! Au moins, on sait, et on peut nous aussi faire savoir autour de nous…