Dans ma série des expositions d’été, il en est une qui me tient à coeur, c’est celle présentée au couvent des Bénédictins à Vitré. Non seulement parce que c’est ma (bien-aimée) ville de naissance mais surtout parce qu’elle abrite (suite à une rencontre fructueuse entre le maire d’alors, Pierre Méhaignerie et Chérif Khaznadar, formidable premier directeur de la Maison de la Culture de Rennes) .la Maison des Cultures du monde,
« Les récits de voyage du XIXème siècle… Quelle merveille d’observation, de précision ! Françoise Gründ et moi y avons trouvé de belles pistes de prospection des formes spectaculaires que nous souhaitions programmer. Tout d’abord, de 1974 à 1981, au Festival des Arts Traditionnels créé à la Maison de la Culture de Rennes, puis, depuis 1982, à la Maison des cultures du Monde.
Il est difficile d’imaginer aujourd’hui un monde sans ordinateurs, sans téléphones portables, sans tout ce qui va avec… Comment inviter des artistes d’une forme spectaculaire d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine ou de quelque pays que ce soit dans le monde, sans les avoir rencontrés, avoir tout d’abord échangé de vive voix avec eux ? Sans avoir convenu d’un mode de communication ultérieur afin d’organiser leur voyage ? Sans trouver l’intermédiaire qui sur, place, maintiendra ce lien (généralement un membre de l’Alliance Française ou des services culturels français locaux) ?
Il n’y a pas de recette ou de formule magique pour donner des réponses à toutes ces questions et à d’autres qui émergent selon des situations toujours particulières et qui évoluent dans le temps. Il est clair qu’aujourd’hui avec l’émergence et les progrès de la technologie tous les repères sont différents. Il y a quarante ans par exemple, rapporter du « terrain » un reportage filmé même en 8mm était rare, un enregistrement sur cassette audio étant le plus courant.
L’essentiel pour nous était, et reste aujourd’hui, de ne pas dénaturer en le transplantant, le rituel ou le spectacle auquel nous avions assisté. Les interprètes doivent rester les seuls maîtres sur scène ».
Vous avez jusqu’au 18 septembre 2022 pour vous plonger dans les coulisses des spectacles les plus emblématiques présentés par la Maison des Cultures du Monde depuis sa création à Paris en 1982. À travers des archives de terrain et des témoignages inédits, ainsi que des masques et des instruments de musiques du monde issus des collections qui incarnent le patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Pourquoi une exposition ?
Le travail de recherche et de production de ces formes artistiques est un aspect peu connu du grand public. Ainsi, la prospection, l’adaptation, la production et la diffusion des projets permettent de prendre la mesure de ce travail pour le replacer dans un contexte plus large : celui de la recherche en sciences humaines et plus particulièrement en ethnologie.
Les archives constituées lors de ces missions constituent un trésor de connaissances sur la diversité culturelle. Elles mettent aussi en exergue le travail discret des hommes et des femmes qui, derrière la caméra, l’enregistreur, le carnet de notes, fournissent un travail indispensable à la connaissance des cultures d’ailleurs. Cette expo montre le passage du terrain à la scène – de la recherche au spectacle – à travers des photographies, des enregistrements, des objets et les témoignages des passeurs ayant accompagné ce cheminement.
Que vous ayez voyagé en terres inconnues ou pas, cette expo vous permettra de revivre des souvenirs ou d’alimenter votre imaginaire.
Que vous soyez en train ou en bagnole, faites un stop à Vitré !
MCB
https://www.maisondesculturesdumonde.org/
Pour manger, une recommandation ? Mettez-vous Les pieds sous la table ! https://www.restaurant-lespiedssouslatable.fr/
Pour dormir ? En famille ou en amoureux, un lieu très rigolo dans la campagne à proximité : http://www.lesfoudresdelafouquais.fr/
Info pour étudiant ou jeune chercheur :
À l’occasion du 30ème anniversaire de sa fondation en 2012, la Maison des Cultures du Monde a créé un prix qui leur est destiné pour leur permettre la réalisation d’un projet d’étude et de valorisation d’une forme théâtrale, chorégraphique et/ou musicale correspondant à son orientation artistique.
Ce prix permet au lauréat de compléter son projet de recherche en lui offrant la possibilité de faire venir en France dans le cadre du Festival de l’Imaginaire des artistes de la forme étudiée. Il ou elle peut aussi bénéficier d’une formation, d’un accompagnement à la mise en place du projet, et d’une mission de préparation d’une semaine dans le pays concerné. Cette mission a pour but d’identifier les futurs artistes invités au Festival de l’Imaginaire et d’organiser leur venue en France. Deux critères de sélection entrent notamment en jeu. Le premier exige que la forme artistique puisse être extraite de son environnement sans que cela porte préjudice à la communauté qui la pratique, ni aux praticiens qui la portent. Le second est de contribuer à une meilleure connaissance de la société dont elle est issue.
Les lauréats
2013 | Suzy Felix, Espagne : Le trovo, joute verbale chantée et improvisée dans le sud de l’Espagne
2014 | Mélanie Nittis, Grèce : Poésie chantée de l’île de Karpathos, Poètes musiciens du village d’Olymbos
2015 | Pierre Prouteau, Vietnam : Phin prayuk, ensemble de musiques rituelles et festives rassemblé autour d’un incroyable sound system artisanal et ambulant
2016 | Hoang Thi Hong Ha, Thaïlande : Le Then chez les Tay 2017 | Jeanne Miramon-Bonhoure, Inde : Une musique classique à l’accent si régional : Ashwini Bhide-Deshpande et l’art du chant dévotionnel (Inde du Nord)
2018 | Charlotte Espieussas, Mexique : Fandango
2019 | Sisa Calapi, Equateur : Relations rituelles entre les morts et les vivants. Musiques et syncrétisme dans les communautés kichwa de Cotacachi
2020 | Madina Yêhouétomè, Bénin : Ajogan, ballet rituel du royaume de Porto-Novo
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