À qui, nous ? Aux Bretons ?  Aux Normands ? Aux moutons? Mais… au monde !

Objectif numéro 1 de millions de touristes depuis des lustres, le Mont fut d’abord – et reste – un lieu de pèlerinage. C’est aussi une commune, assez surprenante sur le plan démographique car je pense qu’elle présente le ratio le plus distendu entre population permanente (moins de 30 habitants) et nombre de visiteurs (près de 3 millions par an !). Venise peut se rhabiller. Par contre, j’ignore pour Miyajima (宮島町Miyajima-chō, lit. « bourg de l’île sanctuaire ») sa seule jumelle, située au Japon (non loin d’Hiroshima)

Comment rester hermétique à la magie dégagée par cette pyramide émergeant de la baie ? De là-haut, ce ne sont pas 40 siècles qui vous contemplent. Juste 10.

Et donc, à l’occasion du millénaire de l’abbatiale et des 10 ans du rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel, France 3 Normandie et France 3 Bretagne s’associent pour proposer une journée exceptionnelle entièrement consacrée à ce monument et mobilisent leurs équipes pour une programmation exceptionnelle entièrement dédiée au Mont. Jeudi 28 septembre, ce programme  à voir en direct ou en replay promet de vous faire découvrir le Mont-Saint-Michel comme vous ne l’avez jamais vu !

Cela commence avec l’épicerie ambulante du Mont-Saint-Michel dans la chronique le goût des rencontres normandes.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/manche/video-journee-speciale-le-mont-saint-michel-et-ses-merveilles-2846750.html

Pour vous faire réviser vos classiques, voici une partie de l’article que j’ai rédigé pour Bretagne Magazine en 2018.

Voyez cette pyramide émergeant d’une mer de sable : elle se mire davantage dans les flots depuis les gigantesques travaux effectués pour lui rendre son caractère maritime. Tombelaine et le Mont-Dol, les deux autres « cailloux » qui ont résisté aux attaques du temps géologique, semblent être là pour la faire valoir ! Les premiers ermites chrétiens y érigèrent deux sanctuaires au VIe siècle. Le culte de l’archange apparut, lui, au VIIIe siècle, sous l’impulsion d’Aubert, évêque d’Avranches. Après quelques guéguerres de voisinage, le site entra dans une longue période de prospérité qui se traduit dans la pierre par un ensemble de bâtiments romans. Pour se faire pardonner d’y avoir mis le feu en 1204, Philippe-Auguste finança un nouveau monastère, si beau qu’on l’appela « la merveille ». Décadence et renaissance vont alterner, accompagnant les soubresauts de l’histoire de France, voire d’Europe. A l’abri des remparts élevés aux XVe et XVIe siècles, le village voit affluer les pèlerins. La Révolution chasse les moines et l’abbaye est transformée en 1810 en prison – que Napoléon III fait fermer suite à la mobilisation d’intellos romantiques. La réfection du Mont est confiée au service des Monuments historiques en 1873. C’est l’époque où une vaste campagne de poldérisation provoque la création de 3000 ha d’ « herbus » et la canalisation du Couesnon dont le cours formait frontière entre Bretagne et Normandie.  Alors, breton ou normand, le mont ? Le « débat » devrait être clos depuis sa désignation (avec la baie) au patrimoine mondial par l’Unesco en 1979, dix ans après le retour des moines. Mais il continue à faire rage !

Que désigne le terme « merveille » ?

Un ensemble gothique construit au début du XIII e siècle au nord de l’église abbatiale, sur le flanc nord du rocher. Une merveille d’équilibre qui justifie bien son nom.  Elle comprend l’aumônerie (qui accueillait les pauvres pèlerins), la salle des hôtes (de la « haute », et pas des moindres, le mont étant un passage obligé des rois) et le réfectoire des moines. Une répartition fidèle à la partition sociale de l’époque : « ceux qui travaillent, ceux qui prient et ceux qui combattent ». Entrez par le cloitre, aérien jardin qui offre une vue sublime sur le paysage. Deux rangées de colonnettes de pierre disposées en quinconce, supportent une voûte de bois en berceau brisé. Le réfectoire des moines surprend par sa luminosité alors qu’il n’a que deux fenêtres ! En dessous, dans la salle des hôtes, la taille des cheminées vous laissera perplexe. On pouvait y cuire un bœuf entier ! Émerveillez-vous aussi avec les piliers des cryptes, l’immense roue de l’ancien ossuaire, les chapelles… En prenant les escaliers, vous grimpez direct dans l’univers du Nom de la rose !

MCB

L’univers de la baie ne se limite pas au Mont. Voici une sélection (pointue !) de ce que vous pouvez y voir et y faire.

Le moulin de Moidrey. Ce beau moulin à vent de 1806 s’est réveillé après un après un long sommeil d’un siècle ! Depuis 2003, le meunier ne dort pas non plus : il fait visiter et explique le fonctionnement du toit qu’il fait pivoter à l’aide d’une immense guivre. Profitez-en pour acheter de la farine de sarrasin, de blé ou de seigle, essentiellement en bio, moulue sur place. Moidrey, sur D976, à 5km au sud du Mont. Tél. 06 46 36 18 82

Où manger ?

Au Mont-Saint-Michel, les prix atteignent des sommets – mais pas forcément la qualité ! Mon conseil : éloignez-vous !

Ou tentez La Sirène (Grande rue, Mont-Saint-Michel. Tél. 02 33 60 08 60)

Pour les gourmands (et non végan) je recommande l’auberge Chez François à Genêts, le Relais Vainquais de Thierry Duclos à Vains, ou (ultra-tendance) l’Auberge sauvage à Servon

Où dormir ?

Les propositions ne manquent pas. Mais – idem – je vous encourage à vous éloigner et à vous offrir un gite à la ferme Saint-Joseph à Beauvoir ( https://gite-piscine-montsaintmichel.fr/ ) ou carrément une nuit au château de Boucéel, pour vivre authentiquement l’esprit XVIII e s. https://www.chateaudebouceel.com/fr

Qu’acheter ?

Pull Saint-James. La ville fondée par Guillaume Le Conquérant a conservé des remparts du XVe siècle et la célèbre entreprise qui utilisait au début la laine des moutons de pré-salé et fabrique toujours des pulls marins…bretons ! Z.I, route d’Antrain, Saint-James (50). Tél. 02 33 89 15 60

Des bijoux de pèlerin. Les sculpteurs Monique et Jean Laurette sont installés depuis 30 ans près du mont qui les inspire dans leurs bijoux liés à la tradition médiévale. À l’occasion de travaux dans son jardin pendant le confinement, Jean a découvert des moules en schiste du XVe siècle, destinés à créer des insignes pour pèlerins ! Il en a tiré des nouveaux moules pour reproduire ces insignes en bronze ou en argent. Leur atelier se trouve à la croisée des chemins du Mont-Saint-Michel et des Plantagenêt. Atelier de la Rive. Ardevon (50). Tél. 02 33 60 08 01

Une rose ! Oui, mais la merveille du Mont-Saint-Michel, créée par Christian Hanak en 2016. D’un parfum divin (forcément !) ce rosier grimpant est très résistant aux maladies et très florifère jusqu’aux premières gelées. Il peut être travaillé en grimpant ou en buisson, selon vos souhaits.

Infos :www.pepiniere-rosesloubert.com

Que faire ?

Courir ou randonner

En attendant la prochaine édition de la Rando-baie qui se conclut toujours par un grand fest-noz – preuve que la zone est un peu bretonne, quand même !

https://www.randobaie-mont-saint-michel.fr/.   

On me dit dans l’oreillette, que ce dernier week-end de septembre, il y aurait un marathon. Mais je n’ai pas les infos.

Traverser la baie à pied. Une expérience à faire au moins une fois dans sa vie ! Avec un guide (c’est obligatoire). L’Office de tourisme du charmant village de Genêts vous en conseillera. 4 place des Halles. Tél : 02 33 89 64 00.

Moi je vous recommande chaleureusement ces deux-là qui démarrent de la ferme du Manet – laquelle fournit le papier pique-nique totalement farm-made.

Renan Bouvier 06 87 21 43 13    le-manet-baie.com

Kévin Sionneau, les 2 pieds dans la tangue.  06 43 15 52 30   https://www.guide-baie-montsaintmichel.com/

Se documenter

Avec un livre. Sujet est éminemment inspirant ! De Paul Féval à Frédéric Lenoir, en passant par Roger Vercel, Il y en a des tonnes – même que Patrice de Plunkette en a fait un… roman !

https://www.editionsdurocher.fr/product/68835/les-romans-du-mont-saint-michel/#&gid=1&pid=1

Côté essai, j’ai un faible pour « le Mont-Saint-Michel, un moine raconte son abbaye »

Le moine, c’est le frère Jean-Pierre Mouton qui invite à regarder le Mont au travers de ce qui a fait son âme (et continue de le faire) : la vie monastique, dans une abbaye dont « les pierres chantent dans un mystérieux silence qui invite à la contemplation ».

Olivier Mignon, diplômé de l’école du Louvre, apporte son analyse des formes architecturales. Les photos sont l’œuvre de personnes habitant l’abbaye, notamment le père François Lancelot et le père François Imbert.

Aux éditions François Corlet https://www.corlet-editions.com/

Dans les nouveautés, j’ai repéré un très beau livre avec de sublimes photos À la table des sœurs du Mont-Saint-Michel. Signé Laurence du Tilly aux éditions Hachette).

Autre bijou, pour les amateurs de peinture :  Le Mont-Saint-Michel à la manière d’eux, réalisé par l’ami François Jouas-Poutrel (OREP éditions)


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