Aujourd’hui, c’est Lania (la conteuse préférée du Carré VIP – Vieilles pies) qui nous écrit du supermarché où sa mère rêve qu’elle se rend. Remplir un caddy, le rêve ?
Deux mois Maman, tu dois faire les courses pour deux mois….
Devant son insistance, elle avait promis.
C’est ainsi qu’elle s’était retrouvée dans le supermarché voisin.
D’ordinaire en mode tortue, voilà qu’elle courait dans le supermarché, d’un rayon à l’autre.
Prenait dans les linéaires
Les têtes de gondole
Elle saisissait, versait
Saisissait, versait, saisissait et le caddy se remplissait
Drôle de caddie d’ailleurs. Il était invisible. Mais il devenait pourtant de plus en plus lourd.
Étrange. Il n’y avait pas de musique. Seulement le tempo des roulettes du caddy.
Parfois elle s’arrêtait.
Au milieu de l’allée.
Elle n’était pas seule. Quelqu’un l’accompagnait.
C’était qui ?
C’était qui ?
Personne.
L’angoisse montait, l’oppressait.
L’angoisse ou le bonheur.
Elle le sentait. Le bonheur peut-il opresser. ?
La pluie s’est mise a tomber dru. Elle a pensé aux sardines. Où étaient-elles les sardines. Il lui faut des sardines.
Alors elle court dans le supermarché, de droite à gauche, de façon désordonné
Au passage elle saisit, elle jette, le caddy s’alourdit. Drôle de caddy.
La caisse, trouver la caisse.
Elle trouve le rayon chocolat.
Plaquettes, tablettes, sachets, carrés, ronds, losanges, une mosaïque de chocolats, parfums différents, mangue poivre de Sichuan, ses préférés tombent dans le caddy
Drôle de caddy
Il est invisible.
Et toujours quelqu’un, c’est sûr y a quelqu’un
C’est qui
Qui qui l’accompagne
Qui qui dit pas toucher pas prendre Sichuan trop chinois
Et la pluie la pluie qui danse la pluie qui claquette sur la terrasse du supermarché
La pluie qui tombe sur les nougats ronds.
La pluie, la caisse. Tout payer. mais c’est quoi la tranche de jambon.
Justement elle a faim. L’avaler. Elle l’avale.
Voleuse, crie la caissière
Sonnerie résonne
Caissière crie
Voleuse y a une voleuse
Elle de se rappeler les protections mensuelles
Mensuelles
Mensuelles
Pourquoi cette répétition
Comme un écho sous les doigts d’un didji
Didji disques disques de coton
Ils suffiront les disques de coton
Sortir des lieux
Tout rentrer dans le hayon
La voix derrière qui se rapproche.
Payer, tranche de jambon.
Périmée, elle était périmée.
Cellule vide. La porte de fer se referme.
La pluie se remet à tomber.
Prison ?
Spa dans prison
Spamal !
Ça sonne, ça résonne.
Elle ouvre les yeux. Elle sort de la tente. Les sardines sont là, elles tendent la toile. Mais d’où la pluie tombe-t-elle ?
Les voisins montent un spa dans leur salon, l’eau coule sur les murs de sa chambre ?
Maman réveille-toi, prépare-toi, on doit faire les courses pour deux mois ?
Deux mois ?
Mais je les ai faites ! Regarde je les ai déjà rangées.
Tu as rêvé Maman.
Les portes des placards, celle du réfrigérateur signent la nécessité de combler le vide.
Confinement ?
Deux mois de courses pour deux mois ?
Oui Maman, confinement !
Lania
1 commentaire
APInes · 27 avril 2020 à 21 h 05 min
Ah Lania, je reconnais bien là ton style du suspens. Suspendue j’ai été, et non pendu heureusement, à l’histoire qui dépend un instant du bon vouloir de la mémoire de ta mère suspicieuse devant la pendule !
Je rigole et suis folle mais ne vole idée à personne !