S’ils te mordent, mords-les !
Appliquons la devise de Morlaix au premier degré : mordons à pleines dents dans l’art de vivre de cette ville qui a tant de trésors à proposer, que ce soit au nouveau culture, patrimoine, bistrots et bonnes tables.
Si vous voulez un résumé de l’histoire de la ville, je vous donne en avant-première le texte que j’ai écrit pour le livre Finistère d’antan www.hc-editions.com qui met en situation au début du XX e siècle. Si ça vous gave, passez directement à l’étape 2.
1. « Leur devise en dit long sur le caractère des Morlaisiens. Il ne fallait pas trop se frotter à eux dans la Manche pendant les guerres de course. Une fois, les vaillants corsaires de Jehan de Coëtanlem ont même pillé Bristol ! Les Anglais se sont vengés en attaquant Morlaix en 1522. La ville mit dix ans à s’en remettre et fut d’ailleurs exemptée d’impôts jusqu’en 1548. La décision fut prise de construire un fort dans la baie, sur le rocher du Taureau, en Plouezoch. Ce château au ras de l’eau joua parfaitement son rôle défensif, renforcé dans les années 1690 par Vauban à la demande de Louis XIV.
S’il ne reste que peu de vestiges du château de Morlaix, la ville peut s’enorgueillir d’un beau patrimoine civil avec ses maisons à pondalez, dont la plus remarquable, dite de la reine Anne, a été classée en 1883. Les églises ont connu davantage les vicissitudes du temps. Mais on peut toujours admirer le tympan à neuf baies de la chapelle Notre-Dame de Fontaine, la tour Renaissance de l’église Saint-Mathieu et le clocher de l’église Saint-Melaine. Celui de l’église Saint-Martin a été achevé en 1855. Le couvent des Carmélites est toujours en activité. Quant à celui des Jacobins – désaffecté – il a vu son église restaurée en 1874 : ses nouvelles verrières ont été réalisées par l’atelier Nicolas, de Morlaix en 1876 et en 1887, qui a introduit les armes et la devise de la ville au centre de la très belle rosace de la façade occidentale. Elle est fort admirée par les clients de l’hôtel de l’Europe tout proche. Ce magnifique établissement recèle des trésors anciens datant de l’époque où c’était la résidence de Jean Oriot, orfèvre et négociant. Depuis 1832, toute la gentry de passage y pose ses valises, sur les pas de Charles-Philippe d’Orléans et de la duchesse.
Morlaix est une ville attrayante, pas seulement pour son patrimoine. Louis XV décida d’y implanter la Manufacture des Tabacs, sur le site du Palud Marant, auparavant inondable. Avant la Révolution, on y fabriquait des tabacs à mâcher et de l’andouille. Sous l’Empire, on a limité l’âge d’embauche des enfants à … 6 ans et demi ! Il a été limité à douze ans après 1815. On n’arrête pas le progrès ! D’ailleurs, depuis 1850, les femmes ont le droit d’y travailler. Fin XIXe, la Manu fait vivre 4000 personnes, sur une population de 14 000 habitants. Malgré la mutuelle mise en place et une politique d’hygiène innovante, le choléra rôde et la tuberculose frappe. En 1902, le premier syndicat de l’usine a lancé une grève générale. Mords-les !
- Flâner dans la ville le nez en l’air, notamment dans la Grand-Rue, la rue Ange de Guernisac, la rue du Mur… Au 33 de celle-ci, visitez la Maison de la Duchesse Anne pour découvrir la cadre de vie des riches marchands aux XVe et XVIe siècles, avec cette spécificité locale : les ponts d’allée ou « pondalez ». Elle rouvre le 18 juin.
- Aller boire un verre dans les bistrots. Dont un des plus beaux de Bretagne, le Grand Café de la Terrasse au décor datant de 1885. Plus anciens, plus canailles et super sympas : le Ty Coz (10, Venelle au beurre https://www.facebook.com/TyCozBar) et l’Aurore (19, place Traoulen https://www.facebook.com/cafedelaurore ). Pour boire un verre au bord de l’eau, manger quasi à toute heure et profiter d’un concert ou d’expos, le Tempo Café (cours Beaumont https://www.baiedemorlaix.bzh/fr/restaurant/cafe-restaurant-le-tempo-resbre029fs0002t/ )
- Faire une pause À la lettre Thé, très jolie librairie salon de thé tenue par Tatiana et Romain Allaire qui organisent régulièrement des rencontres littéraires et artistiques. 9, place de Viarmes Tel : 02 56 45 54 06
https://www.facebook.com/A-La-Lettre-Th%C3%A9-Morlaix-246602532082587/
– Céder à la gourmandise à la pâtisserie Martin, dans la même famille depuis 1884, dont j’adore la façade rococo (29, place des Otages).
P.S.: Dans une première publication, je parlais de la Boite à gâteaux mais David Leroy a déménagé à Roscoff.
– Trouver une piaule. Je me souviens avoir dormi dans deux maisons d’hôtes sublimes, l’une dans la demeure familiale de Tristan Corbière, l’autre, au manoir de Kerhuella, villa bretonno-Art nouveau. Les deux ont fermé, snif ! Heureusement, il reste l’hôtel d’Europe (que j’évoque dans mon texte historique). Il conjugue escalier du XVIe siècle, boiseries du XVIIe et fort élégante salle de petits déjeuners 1830. Le tout réveillé par de discrètes touches contemporaines et assaisonné d’un accueil très attentionné. 1, rue d’Aiguillon www.hoteleurope-morlaix.com
Bon ben voilà, ça fait 10 raisons – à la louche ! Dans mon prochain billet, je ferai une nouvelle série morlaisienne, plus culturelle – où je vous donnerai des nouvelles du musée, des Moyens du Bord, de la Manufacture, des théâtres, d’huitres et de kig ha farz. En tous cas, si vous y allez (ah oui, ce mois de juin, il y a un festival de street art : http://gomaurice.fr/dans-les-rues-de-3-morlaix-mx29-graffiti-tour ), passez à l’office de tourisme, ils sont sympas et de bon conseil. 10, place Charles de Gaulle. Tél. 02 98 62 14 94
1 commentaire
du Penhoat · 15 juin 2020 à 5 h 15 min
Merci Marie Christine, de réveiller en nous les faits historiques de notre attachante ville…
Joli clin d’oeil dans une période où les repaires touristiques sont à redynamiser.
Continues ainsi. Amicalement Jacques