Envie de vous offrir un viaggio en Italie ? Alors ne ratez pas Pour toujours, le dernier film de Ferzan Ozpetek. Dans la première scène, le réalisateur turco-italien glisse sa caméra dans un sublime et inquiétant palazzo – dont on comprendra le rôle dans la vie d’Anamaria, fille d’aristos siciliens qui a fui son milieu… et on la comprendra aussi plus tard !
Devant entrer à l’hôpital, la jeune femme confie ses deux enfants (merveilleux comédiens !) à des amis gays, dont le couple va mal, au bout de 15 ans de vie commune,
Leurs difficultés et la possibilité d’un nouveau début, inattendu et bouleversant, sont au centre du film très personnel de Ferzan Ozpetek, Pour toujours dont le titre italien est La Dea Fortuna.
C’est entre les bras d’une humanité diversifiée et joyeuse qu’on entre dans ce film, après l’inquiétant prologue. Nous sommes sur une belle terrasse romaine où se célèbre un mariage gay. Tous les personnages principaux sont là, à commencer par les maîtres de maison, Arturo et Alessandro (Stefano Accorsi, déjà dans Tableau de famille et Saturno contro, et Edoardo Leo). Arrive Annamaria (Jasmine Trinca), très chère amie et ex-fiancée d’Alessandro, avec des valises et deux enfants. Elle ne restera pas longtemps (on l’attend à l’hôpital pour des examens sur des maux de tête suspects), mais ses enfants Martina (Sara Ciocca) et Alessandro (Edoardo Brandi) si ! Que les deux hommes le veuillent ou non.
Ainsi, on suit le quotidien d’Arturo et Alessandro, catapulté dans le rôle de « parents » au pire moment de leur relation, qui a déjà quinze ans. Accorsi et Leo sont parfaitement en synchronie, le premier dans le rôle d’un intellectuel un peu raté, le deuxième dans celui, plus concret, d’un plombier (qui parle avec les robinets), engloutis dans un réseau de récriminations et trahisons. Ozpetek raconte avec sincérité et avec une bonne dose de boutades foudroyantes (il a coécrit le scénario avec le producteur Gianni Romoli et Silvia Ranfagni) l’agonie d’un amour, prêt à se réveiller par un regard, un rire, par le fait de la complicité de deux personnes qui partagent leur vie depuis longtemps et à présent confrontés à des possibilités plus grandes qu’eux.
Trinca irradie l’amour et le courage dans le rôle d’Annamaria, une jeune femme libre et rebelle, d’origine noble et en rupture avec sa garce de mère (incarnée de manière incisive par l’écrivaine Barbara Alberti), qui arrive comme un tremblement de terre pour secouer l’équilibre sclérosé du couple central.
On trouve aussi dans la troupe Serra Yilmaz, l’actrice transsexuelle Cristina Bugatty, ainsi que Filippo Nigro et Pia Lanciotti, ces deux derniers dans le rôle d’un couple qui retombe amoureux chaque jour, parce que l’homme atteint de la maladie d’Alzheimer, voit chaque jour sa compagne comme si c’était la première fois. C’est peut-être la seule concession au mélodrame du film, autrement concis, concentré sur ses objectifs et impliquant, accompagné de musiques originales de Pasquale Catalano (qui a déjà collaboré avec Ozpetek sur plusieurs films et avec Sorrentino) et de la voix inimitable de Mina.
La conclusion qui s’impose, s’adresse en particulier à ceux-celles qui ont constitué une famille recomposée et hors cadre traditionnel : ne faites pas l‘autruche, ne vous croyez pas immortels et préparez l’imprévu. Il en va de l’avenir de ceux que vous aimez.
MCB, avec la contribution de Vittoria Scarpa
2 commentaires
Servane · 17 février 2022 à 16 h 31 min
Très bonne analyse ! J’avais déjà envie de le voir , mais plus encore maintenant ! Merci MCB
genevieve · 21 février 2022 à 15 h 13 min
ce soir à 18h aux Studios