L’enthousiasme de Catherine Berranger rejoignant le mien à propos du film de Samuel Theis, nous avons décidé de vous inciter à y aller.
« Un film tout en finesse et en sensibilité !
Il questionne sur ce qui peut être considéré ou pas comme de la maltraitance au sein de la famille.
Il montre aussi qu’un enfant peut être perçu comme une «petite nature» alors qu’en lui bouillonne secrètement et confusément la détermination à sortir de son milieu, à tout faire pour se rapprocher de ceux qui l’attirent par leur style de vie et leur culture.
Tout comme le petit Johnny, le personnage de la mère est bien campé : aimante mais dysfonctionnelle, courageuse mais borderline ! Les interprètes sont impressionnants.
Je ne connais rien du réalisateur, mais ça sent le vécu… »
C.B.
Alors Catherine, je vais te parler de Samuel Theis : il a grandi à Forbach avant de se tourner vers le théâtre en entrant à l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre. Repéré pour son talent (Cannes Adami en 2007), il collabore à la mise en scène de « Forbach » avec Marie Amachoukeli et Claire Burger, film à la frontière entre documentaire et fiction, où il s’inspire de l’histoire de sa famille dont les membres jouent leurs propres rôles. En 2012, il a intégré l’atelier scénario de la Fémis.
Il a interprété Louis XIV dans Versailles, le rêve d’un roi, première partie de la trilogie de Thierry Binisti sur les trois derniers rois de France produite par France télévisions. On l’a vu aussi dans dans Musée haut, musée bas, de Jean-Michel Ribes. dans La Princesse de Montpensier (film de Bertrand Tavernier avec Mélanie Thierry et Gaspard Ulliel dans les rôles principaux) et également dans la série Un village français.
(source Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Samuel_Theis )
Theis l’avoue : le film Petite Nature est en grande partie autobiographique même s’il a pris plus de libertés qu’avec PARTY GIRL (ouverture de la sélection Un certain regard au festival de Cannes 2014). « PETITE NATURE est inspiré de mon enfance mais s’autorise plus de fiction. Dans mon premier film, il y avait pratiquement un enjeu d’archives, dans la façon de mettre en scène ma famille, ma mère. C’était aussi le récit d’un milieu, d’un territoire. J’ai eu envie de poursuivre cela avec PETITE NATURE. En faisant PARTY GIRL, je revisitais constamment mon enfance en Moselle, et j’essayais de me souvenir de ce moment où j’avais pris conscience de mon désir de partir. Le film est né avec cette question : à quel moment dans la vie d’un enfant nait le désir d’émancipation ? C’est un film sur l’éveil – sur les éveils : affectif, intellectuel, sexuel. Filmer l’enfance, c’est toujours interroger les premières fois.
A propos de première fois, on est littéralement scotchés par le jeune Aliocha Reinert – comme tous ceux qui l’ont entendu dans différentes interviews à la radio. Comment Samuel Theis l’a t-il trouvé ? Il a procédé à un long casting sauvage en Lorraine.
« On s’est d’abord concentré sur la recherche de Johnny et sa mère. Les enfants, c’est difficile, c’est toujours une première fois, il faut en voir beaucoup. L’idée que n’importe qui peut jouer est fausse. Pour jouer au cinéma, il faut quand même accepter de se laisser regarder. On a longtemps cherché, je souhaitais un garçon qui soit délicat et déjà habité par des questions de sexualité ou de genre. Et Aliocha s’est présenté, avait de longs cheveux blonds et faisait de la danse. J’ai averti ses parents de l’histoire, je voulais que ce soit bien au clair. Ils ont eu l’intelligence de me dire que c’était à Aliocha de décider. Il a demandé un temps pour réfléchir. J’ai trouvé ça très beau. Il m’a rappelé quelques jours plus tard en me disant qu’il se sentait capable de défendre ce rôle et qu’il en avait envie. Aliocha n’est pas Johnny et j’ai trouvé sa décision courageuse. Il a une intensité, une sensibilité et une grâce dans sa manière de bouger, d’être, de se laisser regarder justement. Il y a des acteurs du contrôle, qui fabriquent, et d’autres qui s’abandonnent, acceptent qu’on leur « vole » des choses. Aliocha fait partie de ceux-là.
MCB
A voir à Rennes au cinéma Arvor https://www.cinema-arvor.fr/
2 commentaires
Catherine BERRANGER · 18 mars 2022 à 18 h 15 min
j’aime beaucoup ce que dit Samuel Theïs dans l’extrait d’entretien que tu nous transmet. «Party Girl», ah mais je l’ai vu ! Je ne me rappelais plus que c’était de lui. Mais j’avais adoré ce film aussi.
Bourges Servane · 19 mars 2022 à 8 h 29 min
Merci beaucoup ! On ira voir !