Cédric Klapisch nous livre un film qui a provoqué l’enthousiasme de Catherine Berranger, ma critique préférée. Avant de vous livrer son avis, je situe l’histoire de ce film que certains trouvent « fleur bleue ». Pour moi, c’est un feel good movie; aux images sublimes. Et la découverte de Marion Barbeau, une nouvelle étoile (au cinéma – elle l’était déjà à l’opéra).
Danseuse classique professionnelle, Elise subit une grave blessure lors d’une représentation (avant laquelle elle a vu son petit ami dans les bras d’une autre). À 26 ans, elle apprend par les médecins que les dégâts sont irréversibles et qu’elle doit mettre un terme à sa prometteuse carrière. Alors qu’elle voit son monde s’effondrer, Elise se consacre à sa convalescence passée entre Paris et la Bretagne, dans un beau gite où Muriel Robin accueille des résidences d’artistes. Et là, qui arrive ? Une compagnie de danse contemporaine. Elise découvre une pratique aux antipodes de ce qu’elle a connu jusque-là. Loin du stress et des entraînements intensifs, elle retourne dans son univers de prédilection, avec un corps réconcilié avec elle-même.
MCB
Qu’ils sont beaux !
En corps, c’est à voir sur grand écran pour que se déploient comme il se doit les images de spectacles et de répétitions, d’un Paris sublimé, d’intérieurs chaleureux, de paysages enveloppants qui défilent dans ce film inspiré de Cédric Klapisch.
Le thème central est la danse – ou plutôt les danses. Mais le scénario très subtil, coécrit avec Santiago Amigorena, questionne aussi les choix qu’on fait et ceux qui s’imposent à nous, les méandres amoureux, les relations parents-enfants, les joies et chagrins, et tout ce qui nous rend vivants. La musique se conjugue magnifiquement avec tout cela.
On en prend plein les yeux et les oreilles, on sourit, on rit, on est touchés, on a envie d’être avec eux.
Il y a un mariage harmonieux entre la fiction et le documentaire : à des scènes de comédie romantique ou de numéros d’acteurs (comme Pio Marmaï ou Muriel Robin) succèdent des captations de séances dansées en salle, en coulisses ou en plein air.
Je n’y connais quasiment rien en danse, et je découvre donc le travail de Hofesh Shechter, chorégraphe israélien. Pour sûr, je retiens son nom et je m’intéresserai à ses productions. Je ne suis pas près d’oublier non plus l’angélique Marion Barbeau, première danseuse du ballet de l’Opéra de Paris, qui interprète son rôle avec une immense sensibilité.
Deux heures de bonheur, auxquelles je m’accroche pour ne pas retomber dans la noirceur de ce lendemain de scrutin !
Klapisch, je me souviens vaguement de L’Auberge espagnole (2002) ou de Paris (2008) comme de feel good movies, ce qui, venant de moi, n’est pas vraiment un compliment. Oui, j’avoue, et je n’en tire aucune fierté, j’ai du mal avec le divertissement… Quand je vais au cinéma (ou au théâtre), c’est pour le plaisir, certes, mais j’aime surtout y trouver de quoi nourrir mes réflexions sur l’existence, y percevoir un regard singulier, être bousculée par les personnages et les dialogues, en ressortir plus riche.
Je ne lis jamais les critiques avant de découvrir une œuvre ; je me laisse guider par l’estime que j’ai pour un nom à l’affiche, le sujet principal, la curiosité de l’inconnu ou une recommandation amicale. Après, je parcours souvent ce qui en est dit. En l’occurrence, il y a beaucoup de « pour » dans les journaux (Télérama mentionne que ce film est troisième au box-office) mais aussi du « mitigé » chez Ève Beauvallet dans Libé, qui reconnaît quand même : « La bonne surprise de ce long métrage choral, c’est que les clichés, il en catapulte davantage qu’il n’en reprend. » Et si En corps est, de fait, dans la case « grand public », il n’empêche qu’il fait émerger tout plein d’idées et de sensations, qui me (nous ?) parle au plus profond.
Qu’est-ce qui fait que je n’ai pu rester jusqu’à la fin d’Annette de Leos Carax (qui est dans ma liste des « vrais » cinéastes) et que je suis retournée admirer le West Side Story de Steven Spielberg (qui n’est, pour moi, qu’un faiseur de blockbusters) ? Je serais bien en peine de l’expliquer, mais on ne peut pas tricher avec l’émerveillement. Ça vous gagne ou pas.
CB
Pour en savoir plus :
https://www.franceinter.fr/personnes/cedric-klapisch
A voir au TNB à Rennes (et ailleurs!)
2 commentaires
Catherine BERRANGER · 13 avril 2022 à 22 h 26 min
je suis contente que le film t’ait plu. Et merci d’ouvrir ton blog à ma bafouille, dans laquelle je m’amuse à exprimer mon point de vue du tout petit bout de ma lorgnette ;-)))
Catherine BERRANGER · 13 avril 2022 à 22 h 30 min
Bon, si j’avais accordé « parle » avec ses sujets « d’idées et de sensations », ça aurait relevé le niveau quand même ;-)))))