Ah, le bon temps des Côtes-du-Nord!

Comme je vais terminer cette semaine en signant mon dernier bouquin sorti Les Côtes d’Armor d’antan, à la librairie Press Book, à Perros-Guirec, je tenais :

1)    à vous en informer. C’est Samedi 30 avril, de 14h à 16h. 14, avenue de la Mairie à Perros.

2)    à vous donner en avant-première un extrait du chapitre lié au tourisme, les pages 112 er 113.

Bonne lecture et peut-être à samedi ! Kenavo!

LES DÉBUTS DU TOURISME

Depuis le milieu du XIX e siècle, les citadins découvrent les joies des bains de mer … et de sable ! Installés en villégiature sur les plus belles plages qui émaillent la côte entre Frémur et Douron, ils découvrent le patrimoine historique et crapahutent sur les pierres aux formes étranges ou s’aventurent sur la grande bleue lors de joyeuses régates. Mais pourquoi diable, boudent-ils l’Argoat mystérieux ?

Villas, hôtels et casinos

L’année 1860 a marqué un grand tournant dans le département des Côtes-du-Nord. Son instrument ? Le monstre d’acier qui avale le territoire sur deux rails et y déverse un nouveau type d’envahisseur : le touriste. Le mot, assez récent, désigne ces personnes qui font un « tour » à la découverte de lieux inconnus pour se distraire, se cultiver… et se faire du bien ! Pour cela, rien de mieux que les bains de mer ! La mode de l’hydrothérapie marine amène les Anglais à venir se baigner chez nous depuis que nous sommes en paix avec eux, en 1815. Comme les riches oisifs ne se contentent pas de faire trempette, il leur faut également des lieux de vie mondaine, des casinos, des lawn-tennis, des golfs, etc… Ainsi naquirent les stations balnéaires, dans des lieux à la beauté extraordinaire. Et Dieu sait à quel point nous en avons dans les Côtes-du-Nord !

Du Frémur à l’est au Douron à l’ouest, les côtes alignent les ports pittoresques (Saint-Jacut, Erquy, Saint-Quay, Paimpol, Ploumanac’h…), les plages de rêve (Saint-Cast, Val-andré, Etables, Port-Blanc, Perros-Guirec, Trégastel…), des châteaux, des abbayes, des forts et aussi des sites naturels spectaculaires (cap Fréhel, sillon de Talbert, côte de granit rose…)

Perros-Guirec, par exemple n’est encore dans les années 1880 qu’un bourg agricole entouré de fermes, qui s’anime une fois par semaine le jour du marché, quand un certain Joseph Le Bihan y imagine une autre vie. Ce Lannionnais travaille à Paris comme maître d’hôtel au Magny, établissement fréquenté par des intellectuels, dont Ernest Renan. Entre Trégorois, on parle du pays ! Renan évoque la baie de Trestraou, bordée d’une grande plage de sable blanc et de dunes. Totalement séduit, Le Bihan y construit un hôtel de vingt chambres en 1886. Il fallut vite l’agrandir car les voyageurs n’avaient qu’une autre alternative, un couvent de bonnes sœurs à Perros. Dans le sillage d’intellectuels comme Anatole Le Braz, Charles Le Goffic et de peintres comme Maurice Denis et Albert Clouard, on achète quelques hectares à Trestrignel, on fait construire une villa et chaque été on se refait une santé, loin des miasmes de la ville et des foyers de tuberculose. En dix ans, deux-cents maisons sortent de terre. L’actrice Marcelle Josset s’ennuie un peu dans sa villa Silencio, édifiée en 1894 et lance la construction du casino. Elle s’y est ruinée et a dû vendre sa villa au peintre Maurice Denis qui, lui, fait venir André Gide et Paul Valéry. Tout près de là, Bruno Abakanowicz acquiert l’ilot de Costaérès et y édifie un « château » de conte de fées – peu après, cet ingénieur polonais fait construire l’hôtel Bellevue à Ploumanac’h. Il héberge son ami écrivain et compatriote, Henryk Sienkiewicz qui y écrit son roman Quo vadis…  Une œuvre captivante qui lui a permis de décrocher le prix Nobel de Littérature en 1905 !

Pour découvrir les éditions Hervé Chopin https://www.hc-editions.com/