Aujourd’hui, c’est Alain qui nous écrit de Paris. Alain Simon fait partie de ces « gentils » Parisiens qui n’ont pas fui à la campagne. Lui va faire le contraire de la plupart : il attend le 11 mai pour retourner dans son village du Pays de Nemours (photo de bandeau). Ce conférencier spécialisé dans l’analyse géo-politique de l’actualité a écrit tous les jours une lettre pour son cercle, il a accepté de clore ma série avec ce regard plein d’humour sur les pratiques balnéaires que nous n’envisagions pas comme ça !
P.S. : un homme pour conclure ? « Bizarre » m’a dit ma fille. Léonore, c’est juste qu’aucune femme sollicitée n’a accepté ! Et puis, tu sais, « On a toutes besoin d’un homme » …. En fait, je n’en suis pas convaincue. Mais je m’amuse bien à chanter ce vieux tube ringard de Sylvie Vartan :
https://www.youtube.com/watch?v=dgBXITxxfhg
Épilogue semi déconfiné
Au pangolin sans rancune
Je fais souvent ce cauchemar étrange et pénétrant d’une plage inconnue…
Des plexiglas séparent les parasols.
On ne distingue plus les baigne.urs.euses des baign.euses.eurs sous leurs combinaisons de plongée transgenre.
Seules se font remarquer celles qui portent un burkimasque, très seyant avec le burkini assorti.
Il y a également des masques de plongée Décathlon, avec intubateur incorporé.
Un niveau de protection sur des FFP2 gonflables et insubmersibles est indiqué comme pour les crèmes solaires.
Les marchands de pralines distribuent des comprimés d’hydroxychloroquine sur les plages.
Les tournois de beach-volley opposent des équipes de scaphandriers.
Les enfants doivent se laver les mains avant d’aller se baigner… en ressortant également, le mazout est considéré comme moindre mal.
Les bouées canard font au moins un mètre de rayon. Pratique pour la danse des canards qui doit respecter la distanciation sociale.
Les CRS testent régulièrement la température des bronzés.
Anne-Sophie Lapix continue à sourire niaisement en animant le club Mickey.
Donald vaporise l’eau de Javel à tout va.
Et, sur leurs plages réservées, les naturistes masqués, ne jamais les oublier, vêtus de probité candide, sourient peut-être de vivre libres au grand air mais il faut l’imaginer car c’est la seule chose d’eux que nous ignorons.
Je me réveille en sursaut lorsqu’un médecin grimaçant me traite de « personne à risque » en criant « Prends pas le métro, Satanas! »
Mes décisions sont donc prises :
Je ne me déconfinerai pas.
J’exclus d’aller à la plage cet été.
Je vais prendre quelques jours tranquilles à la maison.
Pour écrire un peu.
Mais en réfléchissant avant d’écrire, pour changer.
Un jeune couple s’apprête à commander.
Le serveur : « En plus de la carte, nous avons le plat du jour. Nous venons de recevoir du pangolin tout frais ».
Lui : « Qu’en penses-tu? »
Elle : « Allez, c’est une bonne idée ! Il y a longtemps que nous n’en avons pas mangé »
Succulent, ce tartare, peut-être un petit arrière-goût de chauve-souris !
Le lendemain, ils retournent travailler à l’usine Citroën de la ville. .
Les ingénieurs ont mis au point un nouveau modèle destiné à conquérir le monde : la Covid 19 dont le nom rend hommage à la DS 19.
Ensuite ?
Vous ne me croirez jamais !
Mais après tout, on sait avec Cocteau qu’un roman est un mensonge qui dit la vérité.
Il faut donc que je vous laisse.
Profitez de chaque minute confinée, ça ne durera peut-être pas.
Prenez soin des autres, c’est ainsi que vous prendrez soin de vous.
N’oublions pas nos fragilités et celles de la démocratie.
La fin d’un monde n’est pas la fin du monde.
Alain SIMON
1 commentaire
Sachot · 10 mai 2020 à 14 h 29 min
Tout à fait.. La fin d un monde n est pas la fin du monde.