C’est vraiment le moment de les ramener ! Dans le jardin, au marché, dans les champs… ou dans les pâtisseries, on se met du rouge au lèvre, comme les Cornouaillaises chantées par Théodore Botrel – que je cite en préliminaire du texte rédigé pour un livre dont je vous offre un extrait en avant-première. On y découvre la vérité sur la fraise, qui comme toutes les histoires, a ses multiples versions. Remercions Amédée-François Frézier pour son acharnement à acclimater la fraise à Plougastel. Regrettons que son succès amène les producteurs à produire ailleurs, quitte à leur mettre l’étiquette « de Plougastel » à leur retour d’Espagne ou d’Afrique… A ce sujet, lisez https://www.letelegramme.fr/economie/plougastel-veut-proteger-sa-fraise-29-11-2019-12445684.php et écoutez l’émission « On va déguster » du 10 mai https://www.franceinter.fr/emissions/on-va-deguster/on-va-deguster-10-mai-2020. François-Régis Gaudry y recevait Aude et Benoît Cuzon. Après des études d’urbanisme, ils ont quitté la région parisienne pour revenir sur les terres familiales du Vern, à deux pas de Plougastel où ils cultivent en bio des fraises de pleine terre. Chapeau (rond) à eux ! Le Vern, 29470 Plougastel-Daoulas. Tel : 06 99 58 95 00. Ouvert tlj d’avril à fin septembre
Si pour vous, ça dépasse les 100 kms, renseignez-vous sur ce qui est proposé dans votre secteur. À mes lecteurs-trices rennais-es, je conseille d’aller aux fraises à la Ferme de la Réauté en Thorigné-Fouillard. Le principe : vous cueillez et vous faites peser quand vous passez à la caisse. On me dit dans l’oreillette que la fréquentation de ces derniers jours a été très importante et la production ne suit pas. Ils ont donc fermé temporairement les parcelles de fraises. Alors consultez leur site pour avoir les infos
Côté recette, faites fonctionner votre imagination ! Mélangez-les avec de la menthe, du basilic, du fenouil ou de la verveine comme dans cette délicieuse recette de Marie et Matthieu Conquet que je mets en annexe.
Une petite flemme ? Ou juste l’envie de déguster une sublime pâtisserie ? Alors, précipitez-vous chez Thierry Bouvier, sur le Mail à Rennes. Son pâtissier Kévin Peigné fait les meilleures tartes aux fraises de Rennes (demandez à ma fille, elle vous le confirmera !). Leur gâteau du week-end est sur https://www.facebook.com/mybythierrybouvier/
En accord mets-vin, là aussi, je vous laisse faire vos expériences, avec du cidre, du rosé, un muscat ou du vin effervescent rosé (l’Ackerman est nickel et on reste local).
En accord musical, je vous suggère Shuggie Otis « Strawberry Letter 23 » https://www.youtube.com/watch?v=iAPPAJ1sT8g
ou l’indétrônable «Strawberry Fields Forever » des Beatles https://www.youtube.com/watch?v=HtUH9z_Oey8. En annexe, je mets les paroles et leur traduction en français. Vous allez voir comme c’est … tarte !
Mais d’où viennent les fraises?
« Elles ont, nos Cornouaillaises, les lèvres d’un rouge tel que l’on croirait voir des fraises de Plougastel »
Visiblement, Théodore Botrel n’était pas sensible qu’aux charmes de la Paimpolaise ! D’ailleurs, le barde s’est installé à Pont-Aven. Pour l’amour de l’art assurément … mais des fraises aussi !
Lui qui est si calé sur les histoires anciennes, sait-il que la légende prétendant que les plants de fraises sont arrivés par Brest est fausse ? En fait, Amédée-François Frézier est revenu en France par Marseille, le 17 aout 1714. L’ingénieur militaire avait été envoyé au Chili par le roi sous couvert d’expédition botanique. En réalité, c’était plutôt pour espionner les fortifications espagnoles. Les plants firent l’objet de soins particuliers dans les jardins d’acclimatation de la cité phocéenne, de Paris et de Grande-Bretagne, sans grand succès. Le hasard d’une mutation amène notre Frézier à Brest en 1739. Nouvelle tentative dans les jardins de l’hôpital maritime mais c’est de l’autre côté de la rade sur la presqu’île de Plougastel que la pâle fraise chilienne se mélange à une sauvage locale et donne la fraise ananas.
Une autre hypothèse est liée à un tremblement de terre qui affecta Brest en 1736 et détruisit le jardin des simples. Pour le reconstituer l’année suivante, on fit venir des plants du Jardin du Roy à Paris. Quoiqu’il en soit, de Keraliou, la culture s’étend au sud, vers Lannourzel, Saint-Adrien ou Lauberlac’h d’où on l’embarque aisément vers l’Angleterre, dès lors que la traversée n’excède pas une journée. Dans les années 1860, le train va favoriser l’exportation vers Paris. La demande croît. On plante des fraises à Loperhet. Toute la presqu’île s’y est mis. Au joli mois de mai, hommes, femmes, enfants se retrouvent dans les champs sous l’œil attentif d’un contremaitre, qui pose, sérieux, les poings sur les hanches. Le photographe affectionne aussi les jolies demoiselles tout aussi décidées, avec leurs paniers d’osier, en partance pour le marché. Contre une petite rétribution, certains producteurs autorisent les promeneurs à cueillir et à manger autant de fraises qu’ils veulent.
Les fraises de Plougastel vont bientôt connaître la gloire au music-hall avec une chanson de Mayol. Théodore Botrel y travaille. Et vous savez comment il les aime, lui ? Marinées dans un peu de sucre et servies dans une jolie coupe, noyées dans du cidre bouché. Allez, on chante : « J’aime Plougastel et ses fraises, son église et son beau calvaire. J’aime surtout… »
Fraises chantilly verveine & crumble sarrasin par Marie et Matthieu Conquet
· une barquette de fraises
· 25cl de crème fleurette
· 1 poignée de verveine (sinon un sachet de tisane verveine ira très bien)
· 1 cuillère à soupe de sucre
· 50g de beurre
· 50g de farine de sarrasin
· 50g d’amandes en poudre
· 25g de sucre
Dans une casserole, verser la crème, faire chauffer sans porter à ébullition. Ajouter la verveine, couvrir et laisser infuser. Filtrer et réserver au frais.
Dans un grand bol réunir le « tant pour tant » ; beurre, sarrasin, amandes en poudre ; sans oublier le sucre, dont on a un peu réduit la quantité. Mélanger à la main (pas trop longtemps sinon le beurre va fondre et vous aurez une grosse boule) jusqu’à l’obtention d’un sable épais. Etaler sur une plaque recouverte de papier cuisson, et mettre au four à 180°c pendant 15 à 20 minutes. Laissez dorer. Sortir du four et laisser refroidir.
Laver les fraises, les équeuter et couper en deux.
Lorsque la crème infusée est bien froide, verser dans un cul de poule lui aussi rafraîchi, et fouetter. Quand la crème commence à bien monter, ajouter la cuillère à soupe de sucre et fouetter encore, jusqu’à obtention d’une texture ferme.
Pour la présentation : verser la chantilly sur les fraises, saupoudrer de crumble.
Strawberry Fields Forever (Champs de fraises pour toujours)
Let me take you down,
Laisse-moi t’emmener
’cause I’m going to Stawberry Fields
Car je vais aux champs de fraises
Nothing is real
Rien n’est réel
And nothing to get hung about
Et il n’y a pas de soucis à se faire
Strawberry Fields forever
Des champs de fraise pour toujours
Living is easy with eyes closed
Il est facile de vivre les yeux fermés
Misunderstanding all you see
Sans rien comprendre à ce que tu vois
It’s getting hard to be someone
Il est dur d’être quelqu’un
But it all works out
Mais ça marche toujours
It doesn’t matter much to me
Ça ne m’intéresse pas beaucoup
Always, no sometimes, think it’s me
Souvent, et non parfois, je pense que c’est moi
But you know I know when it’s a dream
Mais tu sais, je sais quand c’est un rêve
I think, er, no, I mean, er, yes,
Je crois savoir quand je dis oui
But it’s all wrong
Mais c’est totalement faux
That is I think I disagree
C’est à dire que je crois ne pas être d’accord
Let me take you down,
Laisse-moi t’emmener
’cause I’m going to Stawberry Fields
Car je vais aux champs de fraises
Nothing is real
Rien n’est réel
And nothing to get hung about
Et il n’y a pas de soucis à se faire
Strawberry Fields forever
Les champs de fraises pour toujours
Strawberry Fields forever
Les champs de fraises pour toujours
2 commentaires
APInès · 28 mai 2020 à 17 h 55 min
Toujours un plaisir de lire ton blog Marie-christine, toujours de bonnes idées, de la connaissance et avec ce post la régalade en bonus: merci pour ce bon moment partagé 👏🏻
Servane · 30 mai 2020 à 14 h 59 min
Bravo! C’est toujours léger dans la forme et sérieux dans le fond !!! Tu vois on te suit…