Le grand homme, médecin et généticien qui fut président national de La Ligue contre le cancer a fini par être emporté par ce crabe qu’il a combattu de tant de manières. Nous avons été bouleversés par le dialogue qu’il eut au printemps avec Léa Salamé https://www.dailymotion.com/video/x81bemd
Le 17 juin, il avait choisi de tirer le rideau sur son blog “ La chronique apaisée de la fin d’un itinéraire de vie” prétendant que « ce n’était pas un faire-part de décès imminent ». Mais il a rendu son dernier souffle le 6 juillet. Parmi la foule d’hommages unanimes qui lui sont rendus, j’ai beaucoup aimé le texte de François Simon (l’ex grand reporter de Ouest-France, pas le critique culinaire !) que je relaye ici avec plaisir – merci, François, pour la photo !
« C’était un jour de juin 2014, un jour gris souris, harassé de pluies hallebardières. Un homme à la belle santé évidente marchait, la chaussure leste, le poncho rendu bossu par son sac à dos, les traits tirés par l’effort. Nous avions rendez-vous là, dans ce paysage de Gaule chevelue aux allures d’éternité, au pied de la colline inspirée de Vezelay où il allait s’arrêter pour la nuit.
On a donc causé en faisant aller. Il avait été question de cette traversée de la France qu’il avait entrepris pour le plaisir de mettre un pied devant l’autre, marcher au fond de lui-même, traverser des paysages d’enfance imprimés dans le carbone 14 de sa mémoire vive, s’étonner et s’inquiéter aussi de ce beau pays dont il s’imprégnait, dont il découvrait des déserts verts et décelait des océans d’inquiétude.
Nous avons cheminé une paire d’heures. Il parlait botanique, géologie, médecine, politique. Il était tout terrain, un 4×4 sur deux jambes solides, un livre ouvert, une curiosité de jeune homme, un amoureux des belles choses, un pèlerin à principes intangibles. La soquette facile et la nuque raide sur ce que humain veut dire. Et oblige.
On l’avait quitté à l’heure des grises journées finissantes, ravi de se sentir moins con qu’au matin, le regardant monter la dernière colline du jour. Avec la formidable impression d’avoir palabré avec un homme des Lumières.
Il est mort hier et c’est Montaigne qui nous semble le plus convenable pour exprimer combien sa sortie du décor a été élégante, digne, maîtrisée et exemplaire: » Tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu meurs de ce que tu es vivant » »
» Je n’avais trouvé d’hébergement qu’à Pléhérel-Plage, Vieux-Bourg, au-delà du Cap Fréhel. Longue, très longue étape, par conséquent, longue et corsée…la côte est découpée, la falaise culmine à 70 mètres. Ce n’est plus de mon âge, des choses pareilles ! Le contournement de la Baie de la Fresnaye est interminable. Même la surface veinée, irisée et moirée de sa vase à marée basse, belle pourtant, finissait par nous lasser. Le grain de la journée menaça hélas en longeant l’anse des Sévigné, à l’approche de mon ami le Cap Fréhel dans la splendeur de sa falaise de grès rose et bleuté ; il éclata lorsque nous abordâmes le Cap. Restait la lande de Fréhel pour nous émerveiller, sous son voile arachnéen. »
P.S. : S’il vous prend l’envie de marcher sur les pas d’Axel Kahn autour de la baie de la Fresnaye, ne manquez pas la Bouquinerie du Cap. L’épatante bouquinerie-brocante ne fait plus salon de thé (en raison du Covid) mais reste un repaire pour les amateurs de lecture et de chine. 19 rue de la Cotière, Port à la Duc, Fréhel. Tous les a-m de 14h à 18h30 en été. 09 61 35 15 47
Si vous avez une petite faim, passez chez Alain Audineau, pour déguster ses huitres et ses moules. Ouvert d’avril à sept, du lun au sam, de 12h à 17h. Rue du Marais, Port-à-la-Duc, Fréhel. Tél. : 02 96 41 06 68. https://www.audineau-ostreiculteur-frehel.fr
1 commentaire
Paule · 8 juillet 2021 à 10 h 59 min
Beaucoup de respect, d’admiration pour l’homme, le scientifique , mais aussi le marcheur , j’aime ceux qui se lancent ainsi sur les chemins ; mettre un pied devant l’autre, prendre le temps de la marche, le temps du ralenti, observer, regarder, contempler , penser